Mariaux constate le manque de vrais études sur les trésors. Mis à part les études par Krzysztof Pomian, il constate que le peux d’études à ce sujet ne proposent pas du vrai analyse (p. 27). L’étude des trésors dans une histoire des collections est justifié depuis le point de vue économique assumé par Pomian : malgré les différences entre trésor et collection annalysées par Mariaux, les trésors aussi sont des objets « qui échappent au circuit des échanges économiques ou des activités utilitaires et qui sont soumis à un ensemble de règles définies pour être exposés dans des lieux particuliers (p. 28) ».
Selon lui, à part les trésors, on ne peut pas parler de collections au Moyen Âge. Si la collection selon Pomian est définie comme « la réunion d’objets choisis — pour leur beauté, leur rareté, leur caractère curieux, leur valeur documentaire ou leur prix » (p. 27), il y a, au Moyen Âge, des collections sans collectionneur, c’est-à-dire, des collections produits par des institutions, telle l’église ou les monarchies. Le sujet est capable de faire des choix conscientes, à différence des institutions (p. 29)Les collections médiévales sont les trésors, qui diffèrent en ce qu’il n’y a pas un vrai choix dans sa constitution : ils sont « des accumulations d’objets dont la valeur consiste précisément dans leur masse indistincte » (p. 28). Les critères d’organisation et de rassemblement sont floues et n’obéissent qu’ à des conditionnements variables. Il y a, donc, une accumulation qui prévalait sur tout arrangement ou classement.
À partir du XIIe siècle on assiste à une réorganisation des trésors peut-être, suppose Mariaux, avec l’objectif de mettre en scène ces objets (p. 29). L’importance de la collection médiévale dans mon travail, qu’il s’agit d’un trésor ecclesial ou d’un trésor princier, ce qu’elle croisse plusieurs activités et expressions « dont le but est de tracer des relations multiples avec le passé, avec la mémoire collective de la communauté possédante, et surtoout avec l’invisible » (p. 29). Mariaux signale trois relations en particulier :
- réunion ‘frénétique’ d’objets miraculeux : reliques e aussi curiosités naturelles ;
- remploi des objets, tout en provoquant le ‘dépaysement’ des objets : ivoires, pierres antiques ;
- usage des spolia dans la construction de la mémoire
David Murray et Julius von Schlosser occupent une place importante dans l’histoire des collections. On a déjà évoqué ailleurs leur contribution à l’histoire de l’art. Selon Mariaux, ils sont les premiers à avoir reconnu dans les les trésors d’église « les premières traces de la collection d’art et de merveilles, puisqu’on y trouvait rassemblées les œuvres de la nature et celles de l’art » (p. 30).
Dans les inventaires des trésors se trouvent mentionnées les curiosités qualifiées comme ‘naturelles’: oeufs d’autruche, nautiles, défenses d’ivioiree, cornes d’antilopu ou de licorne, pierres de feu, météorites, serres de griffon, ossements igantesques, etc. Parfois leur fonction et précisée et plus rarement leur fonction liturgique (p. 31). On suppose, d’après les études de Von Schlosser et Murray, que certains de ces mirabilia occupaient une place d’importance dans les églises, tout en haut des bâtiments et bien en vue. C’est la même position où il seront placés dans les musées encyclopédiques de la Renaissance et dans les Wunderkammer (p. 32).Ainsi, pour ces auteurs l’activité de collectionner se serait développe historiquement à travers les dépôts funéraires, les trésors des temples, les accumulations, les trésors d’église, les Wunderkammern, et les musées. Cependant, Mariaux remarque qu’il n’est pas possible d’établire une lignée directe entre toutes ces formes, car les formes de collectionner, choisir et organiser on profondément changé depuis le Moyen Âge. Si la collection retire les objets du circuit d’échanges à partir de l’époque barroque, au Moyen Âge les objets conservent et leur valeur d’échange et leur valeur d’usage (p. 32-33).
Une différence mise en relief par Mariaux, c’est la subjectivité de la collection médiévale. La construction d’une référence au passé à travers les objets, passe par la construction de la mémoire collective. Ainsi, les collections médiévales, s’il y en a, consistent en le replacement des objets au centre d’un mythe et d’une histoire collective. Et encore, Mariaux va plus loin, il affirme que la collection d’objets concerne des vraies personnes : les saints, les rois, les héros qui sont représentés — littérairement présentés à nouveau — à travers l’accumulation d’objets.[Plus tard, dans la systématisation des espaces des cabinets, le lieux communs sont les emplacements où les références ont leur place précise. On conserve une côte de baleine afin d’exhiber un os de la baleine qui avait avalé le prophète Jonas. Mariaux signale qu’après la distinction ontologique entre mirabilia et miracula, les curiosités naturelles, considérées jusques là le témoignange de la création naturelle et la sagesse divine, sont transformées en exempla].
Les trésors d’église sont montrés à certains époques et sous certains conditions : en raison de la solennité d’une circonstance, à des fins de mémoire (remémorer les donateurs passés). Les objets conservés dans les trésors ont aussi une fonction judiciaire, puisqu’ils sont la preuve d’une donation et comme telles, elles sont conservées comme testimonia : en conséquece, affirme Mariaux, « de dépôt, le trésor devient en conséquence un lieu de mémoire » (p. 36).
Leur condition symbolique est la plus remarquable. L’objet du trésor est un signe qui renvoie à l’au-delà, l’en haut. Sa place est entre le visible et l’invisible et symbolise le trésor dont l’homme a besoin dans la vie éternelle (p. 42). Le trésor réuni dans le monde des vivants est, en quelque sorte, converti par des médiateurs du sacré. Après s’avoir convertis en objets curieux, les objets redievendront objets naturels. Pour cela, il faudra poser un regard « desanchanté qui ramene l’objet à sa place ‘naturelle’ dans le monde.