Belle propagande I/II

Dugald Stermer et Susan Sontag (essai d’introduction). The Art of Revolution. 96 Posters from Cuba. Londres: Pall Mall Press, 1970.

J’avais mentionné quelque part que l’année dernière j’ai eu la chance de travailler à la Bibliothèque Nationale de France (BNF). Comme étudiant étranger à Paris c’est une grande opportunité que d’avoir contact avec une des collections les plus riches au monde, et une des bibliothèques les plus connues et réputées. On aura, j’espère, l’opportunité de parler quelque chose sur la BNF. En particulier, j’étais attaché au Département d’estampes et de la photographie. Plus précisément, j’étais sur la responsabilité des conservatrices de la collection d’affiches (carteles en espagnol, posters en anglais, plakaten en allemand).

Une des affiches gardées à la BNF : [Mai 1968]. Délivrez les livres. Bibliothèque nationale, auteur non identifié

Une des affiches gardées à la BNF : [Mai 1968]. Délivrez les livres. Bibliothèque nationale, auteur non identifié. Source : Gallica

Les affiches sont considérés une évolution des estampes. C’est pour cette raison que la BNF possède une collection dans le Département d’estampes. La collection gardée à la BNF possède plusieurs particularités. Elle est probablement la plus grande au monde, grâce au Dépôt Légal existant en France. Cela veut dire qu’en principe, les imprimeurs ont l’obligation d’envoyer à la BNF des exemplaires (je ne suis pas sûre de la quantité exacte) des affiches produits dans leurs ateliers. Certes, pas tous les imprimeurs honorent leur obligation et, dans ce sens, la collection est lacunaire. Mais elle est aussi encyclopédique, puisque tous les sujets sont compris : vêtements, services de communication, produits pour la maison, transports, cinéma, publicité religieuse, et un long etc. En plus, l’étendue chronologique va de quelques pièces du XVIIIᵉ siècle, considérées comme les antécédents, jusqu’à l’actualité. Parmi les affiches les plus récents, on trouve même des nouveaux supports, tel le numérique, certains agences de publicité produisant depuis quelques années de la publicité en numérique que sont projetées sur des écrans dans la voie publique.

Après neuf mois de travail, je n’ai pas pu sortir indemne. Souvent je me trouvais dans les stations du métro parisien en estimant les dimensions des affiches, en vérifiant l’imprimeur ou en cherchant un nom des créateurs. J’ai donc acquis une nouvelle sensibilité envers les affiches et je me suis mis à lire à ce sujet. J’espère pouvoir, malgré ma thèse et d’autres projets, pouvoir publier un article vers la fin de l’année à partir de mon expérience à la BNF. En attendant, voici mes premières lectures.

Dugald Stermer, Cuban Posters. Source : http://cubanposterart.blogspot.fr

Dugald Stermer, Cuban Posters. Source : http://cubanposterart.blogspot.fr

Dugald Stermer publia en 1970 un album, très riche, avec des reproductions d’affiches du gouvernement révolutionnaire cubain. C’était l’époque où la Révolution Cubaine comptait sur un énorme prestige, la Guerre Froide battait dans son pleine, et les idéologies se confrontaient dans presque tous les aspects de la vie. Les idéaux sociaux arborés par Fidel Castro et ses compagnons d’armes paraissaient avoir finalement pris forme grâce à la lutte armée. Depuis, un optimisme généralisé regardait de bon oeil tous les luttes et revendications inspirées du cas cubain.

Comme tout gouvernement, le Cubain a fait recours à la propagande. Or, les affichistes cubains ont pu générer un style propre. C’est là qu’on retrouve Susan Sontag, qui a écrit un essaie pour cet album, intitulé « Posters: advertisement, art, political artifact, commodity » et qui est devenu, malgré quelques espoirs non accomplies, l’essaie canonique pour ceux qui veulent s’introduire dans l’histoire de l’affiche politique.

Au Cuba, l’affiche a acquis son propre style. Bien qu’on peut noter une influence des graphistes soviétiques et des pays communistes, les graphistes cubains ont développé un style propre. Les restrictions économiques ont été un facteur important et, aujourd’hui, nombre de jeunes artistes doivent occuper deux ou trois couleurs d’encre et s’adapter aux existences. En plus, la plupart d’affiches sont pratiquement faites de manière manuelle, car les ateliers ne comptent pas avec des machines modernes. Tout cela a été exposé dans une conférence à l’école de Gobelins, le 8 novembre dernier, organisée par un jeune graphiste français, Dugudus, qui est partie au Cuba pour faire des études et où il est entré en contact avec de jeunes et anciens affichistes, et qui publiera prochainement un volume sur l’histoire de l’affiche cubaine.

À suivre …

 

3 commentaires sur “Belle propagande I/II

  1. radinito dit :

    A reblogué ceci sur Se destetó Teté and commented:

    Et la surdosse du jour…

  2. Michel Porcheron dit :

    SVP, Est-ce que l’introduction de Susan Sontag pour « The Art of Revolution, 96 posters from Cuba » existe en français? Merci, mp

    • radinito dit :

      Pas que je sache … Mais vous le trouvez à la BNF, site Richelieu, département de Stampes et Photographies

Vous voulez vous plaindre de mon français ? C'est par ici que ça se passe...