Foi et fame

Kelley Helmstutler di Dio, « Leone Leoni. Life and Works ». In Leone and Pompeo Leoni. Faith and Fame, 12‑23. Madrid: Coll & Cortés, 2013.

Lors de la rédaction de ma thèse, j’avais croisé Kelley Helmstutler di Dio (mon Dieu, j’adore la sonorité de son nom !), à propos du statut social des artistes et des collectionneurs (voir « Federico Borromeo and the Collections of Leone and Pompeo Leoni. A New Document ». Journal of the History of Collections 21, no 1 (2009) : 1‑15). A ce moment, je citais l’article de Helmstutler di Dio pour faire référence, très vite, du cas des artistes italiens Leone Leoni et son fils Pompeo.

Détail de l’autel exécuté par Leoni pour l’Escurial. Source

Quelques années plus tard, Kelley Helmstutler di Dio collabore à la rédaction d’une petite collection d’essais autour de ces deux artistes. Financé par la firme Coll & Cortés à l’occasion de l’ouverture de leurs bureaux londoniens, le volume a été dirigé par Rosario Coppel, et d’autres chapitres ont été rédigés par Margarita Estella.

Le premier chapitre du volume est consacré à la biographie de Leone Leoni. La vie de Leone Leoni pourrait, sans problème, donner lieu à des romans. Né à Arezzo vers 1509, il a reçu une formation d’orfèvre. Il s’est lié d’amitié avec Giorgio Vasari et Pietro Aretino. Entre 1524 et 1527, il a travaillé à Rome et a Venise. En 1537, il fait un séjour à Padoue, où il fait connaissance d’Antoine Perrenot de Granvelle et se fait ennemi de Benvenuto Cellini. En novembre 1538, Leoni est nommé graveur de l’hôtel de monnaies du pape Paul III. À Rome, il fait connaissance de Michel-Ange, Baccio Bandinelli et Perino del Vaga.

Leoni était connu par ses scandales. A Ferrara, il avait été accusé de contrefaçon en 1537. En 1540, il a été accusé d’attaquer et défigurer le bijoutier papal, Pellegrino di Leuti. Leoni a été condamné à perdre la main droite, mais grâce à l’intervention des amis puissants, dont l’Aretino, Francisco Doarte et l’amiral de la flotte impérial Andrea Doria, la sentence a été commutée pour les galères du pape. Quand la galère où Leoni purgeait sa peine fait escale à Gênes, Doria vient à son secours et réussi à le libérer. En 1544, Leoni fait un séjour à Venise, après avoir eu beaucoup de succès à Gênes. Après un nouveau scandale impliquant son assistant Martin Pasqualigo, Leoni déménage à la cour du Conte de Parma et Piacenza (p. 13).

Charles V et la Furie, bronze, Museo del Prado, Madrid

À Piacenza, il gagne la faveur du gouverneur de Milan, Ferrante Gonzaga, et il l’invite officiellement à la cour de l’Empereur en avril 1547. Il arrive à Bruxelles, siège de la cour, en 1549. En arrivant, Leone présent à l’Empereur des médailles avec les portraits de sa famille. Il semble que l’Empereur a particulièrement apprécié le portrait de son fils Philippe (p. 14-15). Avec les commandes de l’Empereur qui vont se suivre, commence une période très créative pour Leone. Helmstutler di Dio signale, en particulier, la création d’un buste, aujourd’hui au Museo del Prado, où, pour la première fois, la base est transformée en élément actif de la sculpture (p. 17), et un des projets les plus ambitieux, qui sera fini par son fils : une sculpture intitulée Charles V et la Furie. Le projet original de cette pièce ne contemplait que la figure de l’Empereur, mais au cours de son travail, Leoni ajoute la Furie vaincue au pied de Charles et, chose encore plus difficile, une armure amovible à volonté (p. 17).

Les scandales continuent, il serait trop long de les détailler. Le fait est que Leoni doit déménager à plusieurs reprises. Pendant les années 1580, il reçoit la commande de l’autel de San Lorenzo à l’Escurial. Il s’agit de la plus grande commande de bronzes pendant ce siècle. En 1581, Leone avait déjà envoyé vingt-sept caisses. En 1589, son fils Pompeo voyage à l’Escurial pour superviser en personne l’achèvement de l’œuvre.

Leone Leoni décède le 22 juillet 1590. Il est aujourd’hui enterré à l’église de Santa Maria della Scala, à Milan. D’ailleurs, il avait réuni une collection d’art très importante à son domicile de Milan. Pour se donner une idée de l’importance de cette collection, elle a été acquise par plusieurs princes, dont le roi Philippe III d’Espagne et plusieurs autres membres de la famille royale espagnole, l’empereur Rodolphe II d’Habsbourg, le neveu de ce dernier, Mathias, le roi Charles I d’Angleterre, le Grand Duc de Toscane, et encore le cardinal Federico Borromeo.

Lattuada_Serviliano_-_Descrizione_di_Milano_ornata_con_molti_disegni...,_Milano_1738,_p._444,_tomo_quinto

La Casa degli Omenoni, conçue par Leoni, dans la Descrizione di Milano de Serviliano, 1738. Source

Un commentaire sur “Foi et fame

  1. […] Esta entrada la publicamos originalmente en nuestro blog en français, que pueden leer por aquí. […]

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